•  

        esell n’était désormais plus le même. Après le massacre de Bevelle, il avait l’impression qu’une porte s’était ouverte dans son esprit. Une porte qu’il n’avait jamais soupçonné l’existence et pourtant elle était là depuis le début. Il se sentait capable de faire tout ce qu’il voulait sans que personne ne se mette en travers de sa route. Une sensation grisante qu’il ne voudrait perdre pour rien au monde. Il avait enfin le pouvoir de changer les choses et tout était devenu si facile depuis qu’il était revenu des ruines d’Oméga. Il était de plus en plus proche de ce livre qui renfermait une magie si puissante qu’elle serait capable de détruire Sin. Avant de se rendre aux ruines d’Oméga, il avait fait une halte à la bibliothèque nationale de Bevelle et avait découvert un livre qui rassemblait les prévisions d’un extralucide, des prévisions qui dataient de 1500 ans, bien avant que naisse la guerre entre Bevelle et Zanarkand, bien avant que naisse Sin.

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        Wesell avait fait tout de suite le rapprochement ce jour là entre les prévisions de l’extralucide et le livre ancien enfoui quelque part sur Spira. Le point commun était cette étrange magie dont personne ne connaissait l’existence. L’ex-bannisseur s’était juré de la trouvé pour sauver sa famille et Spira des griffes de Sin. Tout était à présent plus facile avec le pouvoir qu’il avait en lui, quelques fois il se sentait plus faible, un peu comme s’il redevenait lui-même, comme si ses sentiments de conquête et de puissance s’effaçaient tout à coup pour laisser place aux doutes qu’il avait depuis toujours. Il avait cette étrange impression qu’une partie de son esprit se battait constamment contre l’autre pour essayer de reprendre le dessus, il en éprouvait de violent maux de tête. Mais il se soucierait de ses problèmes de santé plus tard.<o:p></o:p>

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        Il était dans le vaisseau qui le conduisait tout droit pour le désert de Bikanel. Il entendait autour de lui des rumeurs selon lesquelles plusieurs personnes seraient mortes de façon inexpliquée dans le hall conduisant à la grande bibliothèque de Bevelle. Soudain une voix claire et douce résonna dans tout le vaisseau :

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        _Chers voyageurs, nous arriveront à Bikanel dans quelques minutes, une fois que vous serez à l’oasis, n’oubliez pas de boire abondamment et de porter un couvre-chef humidifié. Tous les trois kilomètres, vous trouverez des postes de premiers secours où vous pourrez vous reposer. Passez un agréable séjour dans le désert de Bikanel, que Yevon vous accompagne.

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    La voix se tue, Wesell se dirigea vers le pont, pressé de partir à la recherche de cette vieille bâtisse qu’il aperçu comme un rêve le jour où il avait découvert cette étrange sphère rouge. Il la gardait toujours sur lui, dans une petite boîte en fer au fond de son sac.

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        Il se dirigea en direction du pont du vaisseau, une file d’attente d’environ trente personnes s’étendait devant lui. N’en pouvant plus d’attendre alors qu’il était si près du but, il se fraya un chemin à travers les autres voyageurs qui murmuraient des jurons sur son passage. Une des touristes s’exprima, indignée :

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        _Vous pourriez faire un peu attention tout de même, attendez votre tour comme tout le monde.

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        La vieille femme s’en était pris à Wesell et lui tenait fermement l’avant bras droit. Wesell se retourna si vite que la vieille femme en fut interloquée mais elle n’osa plus dire un mot lorsqu’elle vît le regard de l’archéologue. La gorge sèche, une goutte de sueur coula le long de sa tempe gauche, un effet probablement du à la forte chaleur qui régnait dans le désert ou bien était-ce le regard qu’elle avait croisé durant quelques secondes, lui fît lâcher prise.

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        Imperturbable, Wesell foula enfin le sable du désert de Bikanel. Il tira de son sac un foulard blanc qu’il humidifia. Il se l’étendit sur la tête et le noua derrière le crâne. Il ferma son sac et le serra contre lui avant de partir à l’assaut des dunes qui s’étendaient à perte de vue autour de lui.<o:p></o:p>

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        Cela faisait maintenant des heures que l’archéologue s’enfonçait d’un pas lent dans le désert. Le vent s’était levé et il était pratiquement impossible de voir quoique ce soit. Le sable voltigeait dans tous les sens et il devenait dangereux de rester à découvert plus longtemps. Il remarqua une forme massive non loin de là et décida de s’en approcher, il distinguait à présent un des points de premiers secours que l’hôtesse avait cité dans le vaisseau. Par chance, personne n’était là, il pourrait donc se reposer tranquillement, loin des regards curieux. Au bout de quelques minutes, Wesell s’endormi. Plus il luttait contre le sommeil plus les bras de Morphée s’acharnaient sur lui.

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        Il était à nouveau dans cette vieille bâtisse ou plutôt ce qu’il en restait. Il s’avançait inexorablement parmi les décombres à la recherche du livre tant désiré. Il fouillait, creusait le sol, soulevait de lourdes planches mangées aux mites mais il n’arrivait pas à trouver ce qu’il cherchait. L’exaspération prenait le pas sur la patience et très vite Wesell devînt fou de fureur. Une aura violette s’échappait de toutes les parties de son corps, ses cheveux mi-longs ondulaient au rythme d’un vent de plus en plus fort et un violent mal de crâne lui fît monter les larmes aux yeux. Il se tenait la tête entre les mains, ses genoux pliaient sous la douleur qui s’accentuait lentement tel un étau. Une agressive sensation se démarqua soudain des autres et Wesell hurla comme jamais il n’avait hurlé dans sa vie. Un immense anneau d’énergie s’échappa soudain de son corps et rasa tout le périmètre, des centaines de mètres à la ronde. De la vieille bâtisse il ne restait que des cendres voltigeant ça et là, retombant avec légèreté parmi les minuscules petits bouts de bois carbonisés.

    <o:p></o:p> 

        Wesell se réveilla en sursaut, son regard resta vide pendant quelques instants. L’abri de premier secours n’existait plus, il était allongé au milieu des dunes et regardait des milliers de copeaux de bois noircis tombés du ciel sur le sable tiède. Le vent s’était apaisé, tout était redevenu calme et le soleil se couchait à l’horizon. L’archéologue n’en croyait pas ses yeux, en y réfléchissant il se rappelait qu’il s’était endormi et avait rêvé. Les émotions avaient été si puissantes qu’elles avaient eu un impact dans la réalité. Wesell ne put s’empêcher d’éprouver de la crainte vis-à-vis de ses tout nouveaux pouvoirs, mais cette crainte fut vite balayée par un sentiment de puissance et de satisfaction. Il se rinça le visage avec un peu d’eau et c’est en souriant qu’il continua sa marche sous le ciel étoilé.<o:p></o:p>

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         La lumière lunaire donnait au sable un étrange aspect bleuté et maintenant que le soleil était couché, le froid s’accaparait les lieux désertiques. Wesell préférait le froid à la chaleur, toutes ses années passées au milieu de ruines désolées ou à l’intérieur de grottes immenses l’avaient endurci. Il ne craignait pas ce froid humide des cavernes ni ce froid sec des hauts plateaux. Mais pour la chaleur ce n’était pas la même chose. C’était seulement le seconde fois qu’il allait à Bikanel, la première avait consisté à faire des fouilles dans certaines zones du désert pour découvrir des objets ancien, mais l’expérience n’avait pas été très concluante. L’ex-Bannisseur marchait donc d’un pas vigoureux se remémorant les meilleurs moments de sa vie. La première fois qu’il avait rencontré Pooja sa femme, il l’avait bousculé dans les gradins lorsque les Luca Goers avait marqué leur quatrième but contre les Ronsos Fangs. Pooja était tombée de son siège, ces longs cheveux blonds couvrant son visage. Wesell s’était excusé et l’avait invité un boire un verre après le match pour fêter cette nouvelle victoire de son équipe locale. Ils avaient passé la soirée à parler, à rire. Puis ils étaient tombés amoureux l’un de l’autre au fur et à mesure des rendez-vous.

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         Wesell sourît tout en marchant inlassablement dans cette mer de sable sans fin. Il se rappela aussi la naissance de son fils Boba qui fût l’un des plus beaux jours de sa vie. Boba n’avait jamais été un enfant capricieux, le jour de sa naissance il avait pleuré lorsque le médecin-prêtre lui avait donné une tape sur les fesses mais ce fût une des rares fois qu’il le fît. Avec la peau claire de sa mère et ses grands yeux verts en formes d’amendes qui lui venaient de son père, Boba avait fait le bonheur de ses parents. Wesell avait mal au cœur rien qu’en repensant à sa famille, il les avait laissé du jour au lendemain pour partir en expédition aux ruines d’Oméga. Il en éprouvait un profond regret d’autant plus que cela faisait un mois qu’il était parti et qu’il n’avait donné aucune nouvelle. Il se jura de leur écrire une lettre pour les rassurer dès qu’il le pourrait mais en attendant il se devait de trouver les ruines de cette vieille bâtisse, malheureusement parti comme il l’était, il ne risquerait pas de trouver quoique se soit dans l’immensité du désert.

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        Il se rappela les premiers flash-back qu’il avait vus au moment où il avait saisi la sphère rouge dans les ruines d’Oméga. Les images avaient été floues, instables comme seraient celles d’une télévision déréglée. Il avait honnêtement cru que les souvenirs dataient d’une centaine d’années mais en les repassant dans son esprit, cela ne pouvait être le cas. Pendant longtemps, il avait étudié l’architecture des différentes régions de Spira et la façon dont était construite la bâtisse laissait penser qu’elle ne datait pas plus de trente ans. Mais alors se pouvait-il qu’il se soit trompé sur la période de sècheresse aussi ? Pris de panique, il déposa son sac à terre et s’assit en tailleur sur le sable frais. Il ferma les yeux et se concentra pour se rappeler les bribes d’informations qu’il avait perçues ce jour là. Il en avait déduit qu’elles dataient d’une époque de sècheresse car il avait ressenti une chaleur suffocante quand il s’était retrouvé au milieu de la bâtisse, mais en y réfléchissant, cette chaleur provenait uniquement de la région dans laquelle la maison avait été construite : le désert de Bikanel.

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        Wesell s’en voulu amèrement de ne pas avoir su faire le rapprochement entre une chaleur suffocante et un désert, l’évidence était pourtant consternante. Toute cette perte de temps dû à son imbécilité le mis dans une rage terrible. L’époque d’intense chaleur n’avait servi strictement à rien dans la recherche du livre ancien, son passage à la bibliothèque de Bevelle fut en réalité d’une inutilité totale. Ce jour là, il pensait qu’en déterminant avec précision l’époque de ces souvenirs, il pourrait en apprendre davantage sur cette sphère rouge mais les informations qu’il avait en sa possession ne collaient pas, ne s’imbriquaient pas les unes avec les autres. Selon l’architecture de la bâtisse, celle-ci ne pouvait dater de trois siècles comme faisait état le livre de rapports météorologiques. Depuis le début, il n’y avait jamais eu de période d’intense chaleur, toutes ses heures perdues dans des recherches inutiles. Wesell crispa ses mains et les serra si fort que ces ongles s’enfonçaient dans la chair de sa paume. Une veine apparue sur son front, courant le long de sa tempe droite jusqu’à la paupière inférieure de son œil.

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        Il se leva, la haine s’infiltrant dans chaque terminaison nerveuse de son corps, une force dont il ne soupçonnait pas l’existence se fit ressentir dans son poing droit et il frappa le sol d’une fureur de berserk. C’était comme si la dune bougeait sous ses pieds, comme si d’autres dunes venaient l’encercler. Après quelques secondes, l’archéologue reprit ses esprits et constata qu’il se trouvait au milieu d’un gigantesque puits de sable, autour de lui une énorme dune l’encerclait haute de plusieurs dizaines de mètres. Une voix étrange, rauque résonna au fond de son crâne, c’était la première fois qu’il l’entendait :

    <o:p></o:p> 

        _Tu as perdu du temps à Bevelle mais regarde comme tu es devenu puissant. Les gardes ne pouvaient rien contre toi. Tu sais maintenant, grâce à eux, de quoi tu es capable. Personne ne peut t’arrêter.

    <o:p></o:p> 

        Wesell l’entendait respirer, comme si l’air rencontrait des difficultés à arriver jusqu’aux poumons. Cette respiration ressemblait à s’y méprendre au sifflement d’un Basilisk*. Puis elle reprit :

    <o:p></o:p> 

        _Dépêches-toi de trouver cette bâtisse et tu pourras sauver ta femme, ton fils et la population de Spira grâce à ce livre.

     

       De nouveau la respiration se fit entendre. Sans s’en rendre compte, presque inconsciemment, Wesell répondit à cette voix qui ne s’entendait que dans sa tête.

     

        _Je ne sais pas comment la trouver ! Dit-il désespéré. Ce désert est immense, jamais je n’arriverai à l’apercevoir au milieu de ces tonnes de sable !

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        _Je vais t’aider… Répondit l’étrange timbre.<o:p></o:p>

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        Soudain, Wesell ressenti une nouvelle fois ce douloureux mal de tête, qui prenait possession de lui et de ses faits et gestes. A une vitesse fulgurante, de nombreuses images envahirent son esprit, lui montrant, dans des spasmes de souffrance, le chemin qu’il fallait suivre pour arriver jusqu’aux ruines de la bâtisse. En quelques secondes, tout fût terminé. Wesell releva la tête, ses cheveux noirs révélant une lueur incandescente dans son regard. Le vert de ses yeux disparaissant peu à peu.

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        Le premier pas qu’il fît sur le sable donna à Wesell une sensation de légèreté nouvelle. Il se mît à courir si vite que ses pieds frôlaient le sable, ne touchant seulement que quelques grains à chaque foulée. Malgré l’air frais qui lui griffait le visage, il courait encore et encore d’une facilité déconcertante, on aurait dit qu’il glissait sur de l’eau comme un ballon de blitz lancé à pleine vitesse sur l’eau. Des loups des sables ainsi que des Zu fuyaient à moitié endormis en le voyant foncer sur eux. Mais un ver des sables beaucoup plus téméraire voulu engager le combat. Il faisait dans les dix mètres de hauteur environ et se confondait merveilleusement avec son environnement. Couleur sable avec de légères pointes de marron et de rouge feu, il pouvait facilement passer inaperçu au milieu de la nuit malgré sa taille imposante. Il  possédait un ventre très gonflé et pouvait avaler une petite maison tellement sa bouche était grande. Elle ressemblait à une espèce de fleur ouverte, ayant pour cœur une énorme cavité gluante. Le long des « pétales » des filets de bave pendaient et s’écrasaient sur le sol en un bruit spongieux.

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        En le voyant, Wesell eu d’abord un rictus de surprise mais celui se transforma vite en un sourire malsain. Il courait à présent le buste en avant et les bras tendus derrière lui, et très doucement, il joignit ses mains devant lui. Il ne resta dans cette position que le temps d’une seconde avant d’écarter à nouveau ses mains. Entre elles se chargeait une boule d’énergie verte, des éclairs la giflant tout autour. La sphère passa alors dans sa main gauche qu’il plaqua contre le ventre de la créature. Celle-ci explosa alors en dizaines de morceaux gluants qui retombèrent ça et là sur le sable, puis les morceaux devinrent des furolucioles qui se dissipaient à présent dans le ciel nocturne. Sans s’arrêter de courir, l’archéologue continua son chemin comme si rien ne s’était mis en travers de sa route.<o:p></o:p>

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        _Tu es tout près. Dit une voix rauque dans sa tête.

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        Wesell s’arrêta alors de courir et commença à observer le paysage qu’il y avait autour de lui. Il vit deux cocotiers plantés près d’une petite oasis, celle-ci étant presque asséchée, il en déduisit que personne depuis plusieurs années n’étaient venu l’entretenir. Accompagnant les cocotiers, quelques rares buissons résistaient encore à la chaleur. En marchant un peu dans les alentour de l’oasis, l’archéologue vît en contrebas d’une dune, une petite cavité rocheuse. En un saut, il fût à la hauteur de l’avancée rocailleuse.

     

        Il constata alors avec une grande joie qu’une bâtisse en bois avait été érigée au milieu de cet amas de pierres. Chaque pièce paraissait complètement ravagée par le temps, le moindre mètre carré était recouvert d’une épaisse couche de moisissure, le sol était jonché d’objets divers, allant des ustensiles de cuisine aux outils ménagers. La bâtisse n’était plus que l’ombre d’elle-même, de nombreuses planches mangées aux mites recouvraient le sol, pourrissant à vue d’œil. Il s’en dégageait une odeur nauséabonde mais cela ne faisait rien. Wesell se mit à rire si fort que l’écho de sa voix se répercutait aux travers des dunes. Un rire froid, glacé mais chargé d’une intense émotion qui ne pouvait être celle de l’ex-Bannisseur.<o:p></o:p>

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        _Enfin je t’ai retrouvé… Cette fois, mon frère ne sera là pour m’empêcher de mettre la main sur ce livre.

     

        Wesell parlait avec une voix qui n’était pas la sienne, une voix rauque accompagnée d’une respiration sifflante et difficile. Son regard était empli d’une folie destructrice, les yeux grands ouverts fixant les décombres. Puis il reprit :

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        _Cherche mon ami… Trouve-le pour moi…

    <o:p></o:p> 

        Wesell se mit alors à farfouiller chaque recoin du vieil abri. Jetant des planches et tout un tas d’objets derrière lui, il y passa tout le reste de la nuit. <o:p></o:p>

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        A bout de souffle et la pointe des doigts en sang, Wesell arrêta de gratter le sol. Ses ongles avaient raclé quelque chose de bien plus dur que le sable ou le bois. Puisant dans ses dernières forces, l’archéologue réussi à déterrer un coffre de fer d’une hauteur de trente centimètres sur quarante de largeur. Le coffre ne portait aucune inscription ni ornement. Il était seulement composé de fer lisse et de clous à tête large sur les arrêtes. Le caisson était fermé par un cadenas mais celui-ci étant déjà craquelé du à une chaleur extrême pendant trois dizaines d’années, Wesell n’eu donc aucun mal à le cassé. D’une main tremblotante, il ouvrit alors le coffre. A l’intérieur reposait un livre.

     

        La reliure était recouverte de poussière mais Wesell, d’un revers de manche, la balaya. La couverture du livre était semblable à celle des grimoires que l’on pouvait trouver à la bibliothèque de Bevelle. Le cuir était marron foncé presque noir et la moisissure avait déjà fait son travail. On ne parvenait presque plus à voir les symboles dorés qui décoraient le tour de la couverture. L’archéologue n’en connaissait pas la signification. Le grimoire ne comportait aucun titre mais peut-être y en avait-il déjà eu un auparavant. Le revêtement en cuir était complètement vide à part les quelques restes de symboles dorés qui résistaient encore à la chaleur.

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        Avec une extrême appréhension, Wesell entreprit d’ouvrir le livre. Une respiration saccadée se fît entendre dans sa tête, l’adrénaline montant à son cerveau, Wesell avait du mal à rester calme. Il ouvrit le livre au hasard et tout ce qu’il pouvait voir à présent étaient deux pages vierges. Son estomac se contracta aux pensées folles qui envahissaient son esprit. Très doucement il tourna les pages et vît qu’elles étaient presque toutes pareilles. A certains endroits, on distinguait une écriture fine et minuscule d’une couleur jaunie par le temps. Ces petits bouts de phrase étaient illisibles. L’auteur du livre n’a pu protéger son œuvre contre les ravages du temps et de la chaleur.

     

        Il avait cru qu’en mettant son livre dans un coffre enfoui profondément sous le sable, qu’il protégerait ses secrets de quiconque, mais il n’avait pas songé que la nature pouvait aussi détruire un trésor, quel qu’il soit. Wesell tremblait, non plus d’appréhension mais de fureur envers la bêtise de l’auteur de ce livre. Le grimoire était inutilisable. Wesell avait à présent les yeux rempli de haine, complètement rouges et d’une force incontrôlable, il détruisit entièrement la bâtisse, le livre n’était dorénavant plus que poussière.<o:p></o:p>

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        Le jour se levait à l’horizon, la lune laissait place à son proche voisin le soleil. La chaleur reprenait ses droits dans un lieu où la désolation régnait en maître. Wesell respirait rapidement, sifflant et crachotant la poussière qui planait encore dans l’air. La voix rauque sortie à nouveau de sa bouche malgré lui :

     

        _Si je ne peux plus détruire Sin… (L’archéologue marqua une pause pour reprendre son souffle) … Ce monde n’a plus aucune raison d’exister !

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        Wesell éclata d’un rire à donner des frissons dans le dos, la folie s’emparant peu à peu de son corps.

     


    *basilisk : monstre ressemblant à un serpent sur la route de Djose.

     


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